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2019
Chopin: Ballades & Impromptus par Charles Richard-Hamelin
Étiquette: Analekta
No de catalogue: AN 2 9145
Ma contribution à cette production incroyable
Réalisateur, Ingénieur son, Mixage et Ingénieur au master
Récompenses
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Projet

 

Audio & vidéo

Cette intégrale des ballades et des impromptus de Frédéric Chopin permet d’apprécier deux versants importants de son œuvre : parallèlement au souffle narratif dont témoignent les ballades, les quatre impromptus révèlent une autre facette de Chopin en nous rapprochant de son talent d’improvisateur.

Les ballades de Frédéric Chopin

Les ballades de Frédéric Chopin sont les premières œuvres instrumentales à porter ce nom, originellement utilisé pour désigner des pièces vocales raffinées. De forme très libre, elles présentent toutes quatre un parcours psychologique similaire, dans lequel la tension va en s’accroissant jusqu’à une fougueuse coda. Elles sont également caractérisées par leur rythme ternaire, qui souvent donne l’impression d’un battement de cœur (op. 23) ou d’un bercement (op. 38, 47, 52) et par leur ton sérieux. Écrites entre 1831 et 1842, elles témoignent de l’évolution de l’écriture pianistique de Chopin : la Ballade nº 1 en sol mineur, op. 23, dont il commence la composition à Vienne au printemps 1831, alors que ses compatriotes souffrent de la répression russe à la suite de l’insurrection de Novembre, montre que le jeune homme s’éloigne du « style brillant » de ses débuts pour créer ce « monde nouveau » et plus personnel qu’il évoque dans une lettre à son ancien professeur, Józef Elsner. Achevée à Paris en 1835 et publiée l’année suivante, cette œuvre suscite l’admiration de Robert Schumann, qui avoue la préférer à toutes les compositions antérieures de Chopin. Si cette première ballade brille par une cohésion et par une fluidité formelle attribuables à la parenté de ses deux thèmes principaux et au soin apporté aux transitions, il en va tout autrement pour la Ballade nº 2 en fa majeur, op. 38, commencée en 1836 et complétée lors du désastreux séjour de Chopin à Majorque avec George Sand lors de l’été 1839. Constituée de la juxtaposition d’épisodes contrastants, au caractère tantôt pastoral, tantôt furieux, cette ballade commencée par un paisible andantino en fa majeur – que Chopin jouait souvent en public sans la suite – s’achève avec un bref rappel de celui-ci, cette fois dans la lugubre tonalité de la mineur. Débutée l’année suivante et terminée chez George Sand à Nohant lors de l’été 1841, la Ballade nº 3 en la bémol majeur, op. 47, se distingue par son atmosphère plus ensoleillée. Là où les deux premières ballades se terminent sur une note sombre, la troisième ballade se clôt plutôt sur une fin triomphale. C’est aussi à Nohant, l’année suivante, que Chopin compose la majeure partie de la Ballade nº 4 en fa mineur, op. 52, qu’il achève à son retour à Paris à la fin de l’été 1842. Plus méditative, plus lyrique que les précédentes, cette œuvre, par sa subtilité harmonique et son raffinement contrapuntique, est l’une des premières, avec l’Impromptu nº 3 en sol bémol majeur, op. 51, qui appartiennent pleinement au « style tardif » que Chopin développera jusqu’à sa mort prématurée, en 1849.

Les impromptus de Frédéric Chopin

Après les ballades et leur vaste architecture formelle viennent les impromptus, de dimensions plus restreintes, qui montrent l’affection de Chopin pour les miniatures et les morceaux de salon. Les impromptus op. 29, 51 et 66 sont construits selon une forme ABA, où B revêt, le plus souvent, un caractère introspectif. Avec son plan formel beaucoup plus libre, où aucune section n’est répétée à l’identique, l’Impromptu nº 2 en fa dièse majeur, op. 36, se rapproche davantage d’une pure improvisation, où des idées parfois disparates se coulent l’une dans l’autre de façon organique. L’ordonnancement des impromptus sur cet enregistrement correspond à leur ordre de publication : la Fantaisie-Impromptu, op. 66, a été composée autour de 1834, soit avant les trois autres impromptus (respectivement écrits en 1837, 1839 et 1842), mais est parue de façon posthume en 1855 – l’épithète « fantaisie » étant d’ailleurs un ajout de Julian Fontana, qui a réalisé la première édition de cette œuvre.

© Florence Brassard

 

Presse & critiques

Ted publications

Le Devoir Christophe Huss 

Charles Richard-Hamelin peut voir très loin

Analekta publie un nouvel album de Charles Richard-Hamelin consacré à Chopin et réunissant Ballades et Impromptus. L’événement est plus important qu’on peut l’imaginer de prime abord.

C’est l’une des premières fois en trois décennies que l’écoute et le commentaire d’un CD posent à nos yeux de manière aussi frontale la question de l’état, de la place et de la considération de la critique musicale sur notre continent. La question est cruciale, ici, à l’heure où la discussion artistique est remise en cause pour parachever le grand double dessein de la mise en place du publireportage à façade éditoriale et de la confusion entre culture et show-business.

Commentaire premier degré : c’est beau, raffiné, émouvant et bien joué. Après tout c’est bien forcé, c’est du Chopin et Charles Richard-Hamelin, il a eu un prix pour ça ! Parfois, c’est beau pour autre chose. Au bout du compte, à ne plus y faire trop attention, cela finit par être beau parce que l’artiste, on l’a entendu causer à la radio ou que la pianiste a eu un article dans Paris Match.

Le Chopin de Charles Richard-Hamelin pose la question : « À quel point est-ce beau ? » On peut discuter de la pertinence de la question. Après tout pourquoi pas ? À quoi bon savoir le niveau ? Le vrai niveau ? En fait, tout le débat est là. Ceux qui prétendent que cette question n’a aucune importance préparent sciemment ou inconsciemment le terrain des grandes entourloupes marketing et artistiques. L’ère du « beau générique », où la belle nouveauté de la semaine chasse celle de la précédente.

Les Ballades, test suprême

La critique musicale, indépendante et non complaisante, est utile pour vous dire que ce disque est immense. Remettre en cause la critique, c’est se priver de la puissance et de l’éloquence de l’éloge. Le critique et les médias crédibles sont là, par ailleurs, pour envoyer ce message à la fois à un artiste dont la modestie naturelle va possiblement l’amener à minorer ses ambitions et à des programmateurs qui, de la Philharmonie de Paris à de nombreuses salles au Japon, ont eu foi en lui et devraient faire quelques émules.

Les Ballades sont à nos yeux, dans Chopin, le test suprême (plus encore que les Nocturnes, en raison des contrastes) de l’aptitude à mener les phrases sur un long souffle, avec une respiration intégrant dans un toucher très diversifié les variétés d’atmosphères et les transitions. De ce point de vue, la 4e Ballade de Charles Richard-Hamelin, chef-d’oeuvre du disque, est balayée par un souffle épique sans la moindre déviation de la ligne et avec un luxe de raffinements. Les Impromptus, plus volubiles, sont du même niveau.

Parmi les innombrables versions, trois très grandes interprétations ont particulièrement marqué la discographie des Ballades ces cinquante dernières années : Ivan Moravec, Krystian Zimerman et Murray Perahia. Les amateurs d’histoire seront peut-être heureux de savoir qu’encore plus que chez le légendaire Alfred Cortot, c’est auprès de l’Ukrainien Benno Moiseiwitsch (1890-1963) que l’on trouvera les plus fulgurantes inventions.

Le miracle du disque de Charles Richard-Hamelin est de jouer dans cette ligue-là (certes pas Moiseiwitsch, pianiste à part qui semble tout réinventer), avec une éthique sonore (le réglage d’un piano aux légères couleurs « vintage » !) comparable au grand tchèque Moravec, qui reste suprême dans son approche plus douloureuse. Mais la vie de Moravec, opprimé dans son pays, était douloureuse. Celle de Charles Richard-Hamelin s’annonce rayonnante à l’image de ces subtiles échappées vers l’aigu du clavier peu après la quatrième minute de la 1re Ballade.

Même si l’on ne peut rien prédire d’une carrière, voici l’étendue réelle de ce talent que nous avons chez nous. Il reste à espérer que ce disque enregistré à la perfection par Carl Talbot au Palais Montcalm, attirera l’attention de la presse internationale et qu’elle célébrera bientôt Charles Richard-Hamelin parmi ces « glorieux seconds » de l’histoire du Concours Chopin — Ashkenazy en 1955 et Uchida en 1970.

Pour l’heure il se range désormais avec Daniil Trifonov, Beatrice Rana, Pavel Kolesnikov, Lukas Geniusas et Benjamin Grosvenor parmi les pianistes les plus « magiques » à l’approche de la trentaine.

La critique, indépendante, non complaisante, est utile pour dire que ce disque est immense.

Chopin

★★★★★

 

Ici musique

La prise de son, réalisée en novembre 2018 dans la salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm à Québec, est idéale. C’est le toujours excellent Carl Talbot, assisté de Christopher Johns, qui en sont les grands responsables. Ça mérite d’être su, et dit.

Radioclassique.ca

Leparnassemusical.com

CBC

Lesartsze

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