À propos

Paradoxalement, c’est au moment où grâce à la technologie numérique, la capture du Son atteint son zénith qu’on pourrait croire que le rôle de l’opérateur du son, comme celui du photographe, est devenu obsolète que cet art se révèle plus indispensable que jamais.

 

Il faut bien plus que les compétences d’un tonmeister ou un sound engineer pour réaliser une captation de concert ou un enregistrement ; il faut être capable de traduire la vision intérieure d’un artiste aussi exposé qu’un fildefériste au moment d’un concert ou d’une session en studio. Il faut être un musicien.

 

Carl Talbot est d’abord un musicien. Il lui aura fallu un baccalauréat en piano pour constater que ses oreilles valaient mieux que ses doigts et lui fasse décrocher un Master Degree  in Sound recording à l’Université McGill en 1993. Il part ensuite à New-York pour travailler au studio d’enregistrement Classic Sound Inc. co-fondé par Tim Martyn, alors sous contrat entre autres avec BMG et Sony.

 

De retour à Montréal en 1999, François-Mario Labbé invite Talbot à joindre l’équipe Analekta. Il y réalisera près d’un millier d’enregistrements tous azimuts. Dès l’arrivée de Maestro Nagano à Montréal, c’est à Carl Talbot qu’on confie tous les enregistrements de l’Orchestre symphonique de Montréal. Après avoir réalisé l’intégrale des symphonies de Beethoven, Kent Nagano l’invite à travers le monde : à Hambourg pour la création et l’enregistrement de THE ARCHE de Jörg Widmann sous étiquette ECM ; en 2018 au Festival de Salzbourg pour la Passion selon Saint Luc de Penderecki avec l’OSM et à Göteborg pour un enregistrement de l’opéra Boris Godounov, tous deux parus sous étiquette BIS.

 

Entre temps, en 2016, Carl Talbot est nommé directeur principal des enregistrements de l’Orchestre du Centre national des Arts à Ottawa et de son chef, Alexander Shelley. Deux intégrales en cours : Brahms et Schumann.

Le Metropolitan Opera de New-York l’engage comme consultant pour optimiser la qualité du son pour leurs diffusions dans les salles de cinéma, à la radio et à la télévision. Cette même année, Il est désigné comme tonmeister en chef du Philharmonisches Staatsorchester Hamburg.

 

Enfin toujours en 2017, son mentor Tim Martyn invite Talbot à lui succéder en tant que directeur des opérations et ingénieur du son en chef pour la production et supervision ainsi que la post-production du matériel destiné aux radiodiffusions du Ozawa Hall au Tanglewood Music Festival. C’est ainsi qu’en 2019, le Boston Symphony Orchestra et son chef Andris Nelsons lui confie l’enregistrement de la Sinfonia Domestica de Richard Strauss pour l’étiquette D.G.G.

 

Si on prend en considération que les appareils et les techniques d’enregistrement sont en constante évolution et en perpétuelle mutation et que l’opérateur du son doit prévoir de multiples plateformes de diffusion et dans des formats protéiformes et si on ajoute qu’aucune salle de concert au monde n’affiche les mêmes qualités acoustiques, le fait que Carl Talbot ait réussi à maintenir une signature reconnaissable à travers les centaines d’enregistrements qu’il a réalisés est plutôt remarquable.

 

De plus, toute la compétence du monde ne suffit pas à mener à bien une session d’enregistrement. Dans un milieu où la perfection technique est devenue banale, les egos sont comme des fournaises ardentes. Il faut de la psychologie, de la finesse, de la diplomatie, une capacité illimitée d’empathie sans parler de l’abnégation monacale proche de la sainteté et, condition sine qua non du métier, un respect absolu des artistes. Nous pourrons trouver ici une explication à la confiance que les artistes ont placé en Talbot depuis plus d’un quart de siècle.

 

Les enregistrements signés Carl Talbot ont été en nomination et ont remporté des prix à travers le monde : Grammy, Juno, Félix, Gramophone’s Critics Choice, Diapason d’Or, Echo Klassik, etc.

 

Dès 2003, Carl Talbot a fondé la Maison de PRODUCTIONS MUSICOM inc. qui produit des enregistrements de qualité AUDIOPHILE et s’engage à assurer et maintenir des standards d’intégrité acoustique pour l’enregistrement de la musique classique. Le Studio, le choix d’équipement technique et l’équipe de collaborateurs font partie intégrante du succès de Talbot et de MUSICOM. Une de leurs dernières réalisations a été un projet d’immersion sonore et visuelle autour de l’œuvre Harmonielehre de John Adams avec l’OSM et Kent Nagano, en collaboration avec Fig 55 et la SAT de Montréal avec images et animation sur 270 degrés et une projection sonore sur 360 degrés grâce à la diffusion via 157 haut-parleurs !

 

Enfin, dans ses temps libres, Carl Talbot est conférencier invité au Banff Center for the Arts et instructeur à l’École de Musique Schulich de l’Université McGill.

 

©  Georges Nicholson, 2020