L’Orchestre symphonique de Montréal et Kent Nagano sont fiers de lancer sur BIS-Records, une étiquette distribuée en Amérique du Nord par Naxos of America, la Passion selon saint Luc de Penderecki enregistrée à la soirée d’ouverture du prestigieux Festival de Salzbourg, au Manège des rochers, en juillet 2018. Était présent dans l’auditoire le réputé compositeur de l’œuvre et chef d’orchestre polonais Krzysztof Penderecki, malheureusement décédé en mars dernier.
Pendant plus de cinquante ans, l’OSM a entretenu une relation toute particulière avec l’éminent musicien : outre qu’il a interprété un grand nombre de ses œuvres, il a eu le privilège d’être dirigé par lui à plusieurs reprises, la première fois étant le 27 mars 1979. La plus récente apparition de Krzysztof Penderecki à Montréal remonte au 20 septembre 2015 alors qu’il dirigeait le Chœur de l’OSM dans la première canadienne de son Psaume III.
Source: osm.com
UN MOT DE KENT NAGANO
Depuis les années 1960, des générations de mélomanes sont devenues pleinement conscientes du legs remarquable et de la puissance créatrice de Krzysztof Penderecki.
Le credo artistique du compositeur, aussi lumineux que convaincant, le place dans une catégorie à part de l’avant-gardisme – bien qu’il soit demeuré un romantique. Traditionaliste capable de résister aux séductions de son époque, Penderecki n’a pourtant jamais cessé d’expérimenter. Tandis qu’il faisait un usage audacieux des langages atonal, aléatoire et électronique, il était surtout préoccupé par la teneur de son message et sa résonance potentielle au plus profond de ceux qui écoutent sa musique.
Grand humaniste, il a partagé sa compréhension de l’homme et du monde à travers des formes traditionnelles. Il a fait preuve de courage au milieu des changements, se faisant des ennemis parmi les tenants de l’avant-garde, mais il a suivi avec confiance son propre chemin. On ne saurait imaginer la tradition chrétienne d’Europe et ses liens de toujours avec les développements sociaux sans son essentielle contribution.
Penderecki était un être cosmopolite, quoique profondément engagé dans sa relation avec la nature. Rien n’illustre mieux cet aspect de sa personnalité que la quantité d’arbres qu’il rapportait de ses voyages aux quatre coins du monde et qu’il plantait dans son jardin-forêt personnel, autour de sa maison.
Un jour, au terme d’une répétition de la Passion selon saint Luc, il m’a invité chez lui et tandis que nous étions assis au cœur de cette magnifique forêt universelle, il m’est apparu que Krzysztof Penderecki était l’incarnation même de la créativité humaine et que, dans cette perspective, sa musique se révélait d’une valeur intemporelle pour notre génération et les générations à venir. – Kent Nagano