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Alberto Ginestera (1916 – 1983) : Concerto pour violon, op. 30
Le Concerto pour violon de Ginastera résulte d’une commande de l’Orchestre philharmonique de New York à l’occasion de sa première saison (1962- 1963) au Lincoln Center. Achevé seulement en septembre 1963 – trop tard pour le concert prévu –, il est présenté en première le 3 octobre de la même année avec Leonard Bernstein à la direction et Ruggiero Ricci au violon. En plus du grand orchestre habituel, la partition ne requiert pas moins de sept percussionnistes maniant une cinquantaine d’instruments. Ironiquement, le long passage où ils jouent en plus grand nombre, au début du troisième mouvement, s’avère le plus doux du Concerto.
C’est le soliste qui ouvre le premier mouvement avec une importante cadence dont le but consiste à « introduire les matériaux de base du concerto dans un style rhapsodique et virtuose », selon les termes du compositeur. La seconde partie du mouvement comprend six « études » : la séquence préétablie de sons (ou série) sur laquelle se fondait la cadence y est variée sur le plan de la texture ou de la technique de jeu. Ginastera décrit le deuxième mouvement comme « teinté de forts accents poétiques et d’un lyrisme exalté ». À l’instar du premier mouvement, le troisième est construit en deux parties : la première « doit être exécutée à vive allure, en un murmure à peine audible et mystérieux »; la seconde est un perpetuum mobile impulsé par les tambours, mais ensuite repris par le soliste dans un incessant mouvement de doubles croches – sans lui laisser aucun répit –, qui le mèneront tout droit vers l’étonnante mesure finale.
Leonard Bernstein (1918 – 1990) : Sérénade pour violon solo, cordes, harpe et percussions (d’après Le banquet de Platon)
En 1954, Bernstein passe l’été en Europe afin d’échapper à la vie frénétique qu’il mène à New York. Il s’est fixé pour seul objectif de composer une oeuvre inspirée de sa récente relecture du Banquet de Platon – célèbre dialogue entre convives sur la nature de l’amour et ses diverses manifestations – d’où naîtra la Sérénade. Les circonstances de la création témoignent du rayonnement international du compositeur et de ses activités : le 12 septembre 1954, au Teatro Fenice de Venise, Bernstein dirige l’Orchestre philharmonique d’Israël et le soliste américain Isaac Stern dans cette nouvelle partition inspirée d’un texte littéraire de la Grèce antique.
« Il n’existe aucun véritable programme dans la Sérénade, explique le compositeur. […] La musique, comme le dialogue dans l’oeuvre de Platon, est formée d’une série de déclarations reliées entre elles par le thème de l’amour, objet de louange. Elle adopte en général le même ordre de succession des orateurs que Le banquet. La parenté entre les mouvements ne dépend pas d’un matériau thématique commun, mais plutôt d’un système dans lequel chaque mouvement évolue à partir d’éléments du précédent ».
Samy Moussa (né en 1984) : Concerto pour violon « Adrano » (2019)
Création mondiale – Commande de l’OSM
Le compositeur et chef d’orchestre montréalais Samy Moussa jouit d’une carrière florissante au Canada, en France et en Allemagne, où il vit aujourd’hui. Ses deux opéras, L’autre frère et Vastation, ont été créés à la Biennale de Munich respectivement en 2010 et en 2014. Pierre Boulez a commandé à Samy Moussa, pour le Festival de Lucerne, une oeuvre orchestrale dont la création a eu lieu en 2015. Son Concerto pour violon, sous-titré « Adrano » en référence à un ancien dieu du feu qui aurait vécu sous le mont Etna, dont la visite du compositeur a inspiré l’oeuvre, a été donné en première par l’OSM et le soliste Andrew Wan, sous la direction de Kent Nagano le 28 novembre 2019.
Le Concerto est formé de quatre mouvements dont les deux principaux, le premier et le troisième, sont séparés par une cadence, le tout s’achevant sur un épilogue. L’oeuvre s’ouvre sur une introduction lente jouée par les flûtes dans le registre grave et deux contrebasses. De cette masse sonore émerge le violon en une gamme ascendante, jusqu’à un passage plus mélodique où s’amorce une nouvelle section lente. Ce matériau est entendu à deux reprises et progresse chaque fois vers un climax, le second étant plus décisif et intense. Le deuxième mouvement consiste en une cadence accompagnée dans laquelle le soliste combine harmoniques et arpèges. Le troisième mouvement, qui gravite autour de la note si, est vif et implacable. En guise d’épilogue, une variante de l’introduction lente du début conduit vers une conclusion paisible et sereine.
© Robert Markow
© Traduction française : Le Trait juste
Source: Analekta.com